Comprendre le Brésil
Quitte à être à l'autre bout du monde, autant ouvrir les yeux, les oreilles et les papilles !
Ici, je partage avec vous ma compréhension du Brésil : qui sont les brésilien(ne)s ? Quelle est leur histoire ? ...
Brésil vs France : ces différences culturelles qui m’étonnent (et m’enrichissent)
Vivre au Brésil, c’est apprendre une nouvelle langue, bien sûr, mais c’est aussi apprendre un nouveau rythme, une autre manière de penser, d’interagir, de vivre ensemble. Et ce qui est fascinant, parfois déroutant, souvent enrichissant, ce sont les petites et grandes différences culturelles qui surgissent dans le quotidien. Voici un aperçu, forcément subjectif, de ces contrastes entre la France et le Brésil qui m'ont marquée.
1. Le rapport au temps : flexibilité vs ponctualité
En France, la ponctualité est une marque de respect. Un rendez-vous à 14h, c’est 14h. Au Brésil… disons que c’est plus souple ! 😅
Ici, la ponctualité est relative, surtout dans le cadre personnel. Un déjeuner prévu à midi peut commencer à 13h30 sans que personne ne s’en formalise. Ce n’est pas un manque de considération, c’est une autre perception du temps : moins linéaire, moins rigide, plus centrée sur le moment présent que sur l’horloge.
2. Le rapport aux autres : chaleur latine vs réserve française
Ce qui frappe dès l’arrivée, c’est la chaleur humaine. Les Brésiliens sont avenants, démonstratifs, spontanés. On se tutoie rapidement, on s’appelle "amour", "querida", "meu bem" sans se connaître.
En France, la distance est plus marquée : on observe, on évalue avant de s’ouvrir. Ici, le lien se tisse dans l’instant, avec un sourire, une accolade, un "Tudo bem ?" (même si on ne s’attend pas forcément à une vraie réponse !).
3. L’importance de la famille
Au Brésil, la famille est centrale, souvent élargie, très présente dans la vie quotidienne. Les parents vivent parfois longtemps avec leurs enfants adultes, les cousins, oncles, tantes font partie intégrante du quotidien.
En France, l’autonomie est valorisée tôt, et les relations familiales peuvent être plus distantes (même si elles restent fortes). Ici, tout se fait "en famille" : les sorties, les voyages, les décisions… Cela crée un sentiment de proximité et de solidarité très fort.
4. La religion au quotidien
En France, la laïcité fait que la religion est souvent vécue de façon discrète, voire privée. Au Brésil, la foi s’exprime librement, partout : dans les conversations, dans les gestes (comme le signe de croix dans le bus), dans la musique, à la télévision.
Expressions comme "Graças a Deus" ("Grâce à Dieu") ou "Se Deus quiser" ("Si Dieu le veut") ponctuent les échanges quotidiens. Cette présence de la spiritualité dans la sphère publique est frappante, et donne un tout autre ton à la société.
5. Le rapport au corps et à l’apparence
Les Brésiliens ont un rapport très détendu au corps. À la plage, toutes les morphologies s’affichent sans complexe, en maillot deux pièces, dans une liberté que l’on envie !
En parallèle, l’apparence est très valorisée : soin des cheveux, manucure, vêtements soignés, même pour aller faire les courses. En France, le rapport au corps est parfois plus pudique, et le naturel plus revendiqué.
6. Le quotidien : entre improvisation et débrouillardise
Au Brésil, la flexibilité et l’improvisation font partie de la culture : les plans changent, les horaires aussi, mais tout finit par s’arranger. Il y a une vraie capacité d’adaptation, une forme de résilience joyeuse face aux imprévus.
En France, on aime planifier, anticiper, sécuriser. Ici, on improvise, on "se débrouille", et on fait avec ce qu’on a. Ce n’est pas toujours facile à intégrer, mais ça apprend à lâcher prise !
7. La place de l’émotion et de l’enthousiasme
Enfin, ce qui me touche beaucoup, c’est la facilité des Brésiliens à exprimer leurs émotions, positives comme négatives. On pleure, on rit, on chante, on danse, sans retenue. L’enthousiasme est communicatif, même dans les moments simples.
En France, on est souvent plus mesuré. Ici, la vie est plus expressive, plus intense, plus vivante.
Et moi dans tout ça ?
Naviguer entre ces deux cultures, c’est un apprentissage permanent. C’est parfois inconfortable, souvent drôle, et toujours enrichissant. On découvre des facettes de soi-même qu’on ne soupçonnait pas, on réévalue ses propres normes.
Et surtout, on apprend qu’il n’y a pas de "bonne" ou "mauvaise" façon de vivre, mais des manières différentes d’habiter le monde. Le regard de l’un enrichit la culture de l’autre.
Le churrasco brésilien : bien plus qu’un barbecue
S’il y a bien une tradition culinaire qui rassemble les Brésiliens toutes générations confondues, c’est le churrasco. Ce mot – difficile à traduire autrement que par "barbecue" – désigne une pratique bien ancrée dans le quotidien, les week-ends en famille, les fêtes, ou simplement les dimanches entre amis. Mais ici, on ne parle pas d’un barbecue improvisé au coin du jardin : le churrasco est un véritable rituel, avec ses codes, ses saveurs… et ses maîtres du feu.
Une tradition venue du Sud
Le churrasco trouve ses origines dans le Sud du Brésil, plus précisément dans les plaines du Rio Grande do Sul, où les gaúchos (les cowboys brésiliens) faisaient cuire de grosses pièces de viande sur des broches, à même le feu de bois, en plein air.
Aujourd’hui, cette tradition s’est répandue dans tout le pays, en conservant ce lien fort avec la convivialité, la partage, et surtout la viande de qualité grillée avec soin.
Le churrasco : un rituel social
Ce qui frappe d’abord quand on participe à un churrasco, c’est que ce n’est pas un repas comme les autres :
🍖 La viande est servie en continu, par petites portions, directement depuis la broche ou la grille.
🔥 Le "churrasqueiro", celui ou celle qui gère le feu et les cuissons, est respecté comme un chef d’orchestre.
🍺 Tout commence bien avant de manger : on allume le feu, on ouvre les bières, on grignote des morceaux de viande en discutant, en écoutant de la musique ou en jouant avec les enfants.
Ici, on prend le temps, on savoure, on discute. Il n’y a pas d’heure précise pour passer à table : le churrasco, c’est une fête qui s’étire.
Qu’est-ce qu’on mange au churrasco ?
La star, c’est bien sûr la viande, souvent de bœuf, mais aussi de porc, de poulet, et parfois même du fromage grillé (queijo coalho) ou des saucisses (linguiça). Voici quelques incontournables :
🥩 Picanha : le morceau de choix, tendre et juteux, avec sa fine couche de gras.
🥓 Costela : les côtes de bœuf, cuites lentement, très populaires.
🍗 Coração de frango : les petits cœurs de poulet, grillés et très appréciés au Brésil.
🧀 Queijo coalho : un fromage grillé à la broche, souvent servi avec un filet de miel.
🌽 Et bien sûr, pour accompagner : farofa (semoule de manioc grillée), vinagrete (sorte de sauce fraîche à base de tomates, oignons, poivrons), pão de alho (pain à l’ail grillé), riz blanc… et une bonne bière bien fraîche.
Churrasco à la maison ou au restaurant ?
Le churrasco peut se faire à la maison, sur une simple grille ou un barbecue maçonné (souvent présent dans les appartements ou les maisons). Mais il existe aussi les célèbres churrascarias, ces restaurants spécialisés dans la viande grillée à volonté (rodízio), où des serveurs viennent à table avec des broches entières, découpant la viande à la demande.
Dans ce cas, préparez-vous à un festin XXL, et surtout… venez le ventre vide !
Une célébration de l’amitié
Plus qu’un repas, le churrasco est une expérience collective. C’est une manière de célébrer l’amitié, la famille, les retrouvailles. On y passe l’après-midi, on rit, on trinque, on partage. Même si tu es invité par quelqu’un que tu ne connais pas très bien, tu seras toujours bien accueilli autour du feu.
Au Brésil, le churrasco est un langage universel : celui de la chaleur humaine, de la simplicité et du plaisir d’être ensemble.
Et moi dans tout ça ?
Depuis que je vis au Brésil, j’ai appris à reconnaître l’odeur du charbon de bois un dimanche midi comme un signe infaillible que la fête a commencé quelque part. J’ai vu des enfants griller leur premier pão de alho, des grands-pères surveiller la braise avec fierté, et des amis proposer spontanément un churrasco comme on proposerait un café.
C’est un moment qui rassemble, qui réchauffe les cœurs et les estomacs, et qui fait vraiment partie de ce que j’aime ici.
La religion au Brésil : foi, traditions et diversité
Quand on vit au Brésil, on réalise vite à quel point la religion est omniprésente dans la vie quotidienne. Bien plus qu’une simple pratique spirituelle, elle structure les relations sociales, les fêtes, les gestes du quotidien, et même parfois les décisions politiques. Qu’on soit croyant ou non, on ne peut ignorer cette dimension profondément religieuse de la culture brésilienne.
Un pays majoritairement chrétien… mais pas seulement
Le Brésil est aujourd’hui le plus grand pays catholique du monde en nombre de fidèles. Mais cette domination est en train d’évoluer. Depuis quelques décennies, les Églises évangéliques connaissent une croissance fulgurante, notamment dans les milieux populaires et urbains. Elles organisent des cultes dynamiques, souvent très musicaux, qui attirent des fidèles en quête de sens, de soutien communautaire ou de nouvelles perspectives.
À côté de ces grandes familles chrétiennes, on trouve aussi une grande diversité religieuse :
🔹 Des religions afro-brésiliennes comme le Candomblé ou l’Umbanda, qui mêlent croyances africaines, catholicisme et spiritisme.
🔹 Des pratiques ésotériques, le kardécisme (spiritisme d’origine française), le bouddhisme, l’islam, le judaïsme…
🔹 Et de plus en plus, des personnes qui se définissent comme sans religion, même si la spiritualité reste très présente.
Une foi visible au quotidien
Au Brésil, la foi ne se cache pas. Elle est partout :
✨ Dans les autocollants "Jesus te ama" ("Jésus t’aime") collés à l’arrière des voitures.
✨ Dans les églises pleines le dimanche, les cultes télévisés, les croix aux murs, les statues de saints dans les commerces.
✨ Et surtout, dans les mots de tous les jours.
Parmi les expressions les plus fréquentes, on entend partout un spontané "Graças a Deus !" ("Grâce à Dieu !") :
— Tu vas bien ?
— Oui, graças a Deus !
— Vous avez réussi à acheter la maison ?
— Oui, graças a Deus !
C’est une façon de marquer la reconnaissance, de ponctuer les bonnes nouvelles, mais aussi de conjurer le sort. L’expression peut sembler automatique, mais elle témoigne d’un rapport intime à la foi, inscrit dans le langage quotidien.
Religion et syncrétisme : une spécificité brésilienne
Ce qui est fascinant au Brésil, c’est la cohabitation – et parfois la fusion – des religions. On peut allumer un cierge à une sainte catholique tout en consultant un pai de santo (prêtre du Candomblé), prier Jésus et croire aux esprits des ancêtres. Cette spiritualité métissée est une expression de l’histoire du pays, marqué par la rencontre entre les traditions indigènes, africaines et européennes.
Religion et société : entre repères et débats
La religion joue un rôle central dans la construction des repères moraux, familiaux et communautaires. Elle peut être un moteur de solidarité, de résilience et d’espérance, notamment dans les milieux vulnérables. Mais elle peut aussi nourrir des tensions : certaines Églises évangéliques s’opposent aux droits des personnes LGBTQ+, au syncrétisme religieux ou à certaines expressions culturelles.
La question religieuse est donc présente dans les grands débats de société : éducation, santé, droits des femmes, politiques publiques...
Une porte d’entrée pour comprendre le Brésil
Comprendre la place de la religion au Brésil, c’est mieux saisir ce qui anime le cœur de ce peuple : une foi souvent joyeuse, expressive, communautaire, mais aussi marquée par l’histoire de la colonisation, de l’esclavage et des luttes sociales.
C’est une des clés pour entrer en résonance avec la culture brésilienne, au-delà des clichés. Et même si l’on ne partage pas cette foi, on ne peut qu’être touché par la sincérité des croyances, la chaleur des rites, et l’énergie avec laquelle elles s’expriment.
Et moi dans tout ça ?
Vivre ici, c’est parfois être surprise d’entendre "Graças a Deus" à chaque coin de conversation, de voir des enfants réciter une prière à l’école ou un chauffeur de bus faire le signe de croix avant de démarrer. C’est aussi admirer la ferveur des processions, découvrir des rituels afro-brésiliens envoûtants, ou simplement observer cette foi discrète qui se glisse dans les gestes du quotidien.
C’est un univers à part entière, que je découvre un peu plus chaque jour, avec curiosité, respect… et, pourquoi pas, une dose de graças a Deus moi aussi.
À la découverte du folklore brésilien : entre magie, rires et traditions
Vivre au Brésil, c’est aussi plonger dans un imaginaire riche en couleurs, en mystères et en personnages fantastiques qui peuplent les contes transmis de génération en génération. Le folklore brésilien ne se résume pas aux fêtes spectaculaires comme le Carnaval ou les Festas Juninas : il est profondément enraciné dans les traditions orales, les croyances populaires et le métissage culturel du pays. Aujourd’hui, je vous invite à découvrir quelques-unes de ces figures emblématiques, à commencer par l’espiègle et célèbre Saci-Pererê.
Le Saci-Pererê : le farceur à un seul pied
Le Saci-Pererê est l’un des personnages les plus connus du folklore brésilien. Petit être noir, coiffé d’un bonnet rouge magique et fumant une pipe, il n’a qu’une seule jambe, ce qui ne l’empêche pas de se déplacer en bondissant avec agilité. C’est un farceur malicieux : il aime faire des nœuds dans les crinières des chevaux, éteindre les feux, cacher les objets ou transformer le goût de la nourriture.
Mais derrière ses tours, le Saci est aussi un symbole de la résistance culturelle afro-brésilienne. Né de la fusion des croyances indigènes et africaines, il incarne un pan de l’identité brésilienne populaire. On raconte qu’il vit dans les forêts, se déplace dans des tourbillons de vent (redemoinhos) et qu’il est possible de l’attraper… à condition d’enfermer le tourbillon dans une bouteille bouchée avec un bouchon de liège !
D'autres créatures du folklore brésilien
Le Saci n’est pas seul. Le Brésil est peuplé d’une galerie de personnages légendaires, chacun porteur de sens, de peurs ou d’enseignements :
🧝♀️ La Curupira
Protectrice des forêts, la Curupira a les pieds tournés vers l’arrière pour tromper les chasseurs. Elle punit ceux qui détruisent la nature ou tuent les animaux inutilement. Elle symbolise l’importance du respect de l’environnement dans les traditions autochtones.
👸 Iara, la mère des eaux
Sorte de sirène amazônienne, Iara charme les hommes par son chant envoûtant et les attire dans les rivières. Belle et dangereuse, elle incarne les mystères et les dangers de la nature sauvage.
🐮 Le Bumba-meu-boi
Plus qu’un personnage, c’est une tradition festive. Cette légende met en scène la mort et la résurrection d’un bœuf à travers une pièce de théâtre populaire mêlant musique, danse, humour et satire sociale. Très présente dans le Nord et le Nord-Est du pays, elle est l’un des temps forts de la culture populaire.
Un héritage vivant
Ce qui rend le folklore brésilien si unique, c’est qu’il est encore vivant aujourd’hui. On le retrouve dans les livres pour enfants, les écoles, les festivals, les émissions de télé et même dans les memes sur Internet ! En juin, pendant les fêtes de São João, les personnages folkloriques ressurgissent entre danses traditionnelles, contes et feux de joie.
Découvrir le folklore, c’est mieux comprendre l’âme du Brésil : joyeuse, mystérieuse, métissée. C’est aussi une manière ludique de transmettre l’histoire, les valeurs et les croyances qui forment la richesse culturelle de ce pays fascinant.
🎉 La Festa Junina : une fête brésilienne haute en couleur !🌽🌾
Chaque mois de juin, le Brésil se pare de banderoles colorées, de chemises à carreaux et de chapeaux de paille pour célébrer la Festa Junina, une tradition populaire pleine de joie et de convivialité.
À l’origine, cette fête célèbre les saints catholiques du mois de juin – Saint Antoine, Saint Jean et Saint Pierre – mais elle est aussi profondément ancrée dans la culture rurale brésilienne. C’est une sorte de "fête des moissons", qui met à l'honneur la vie à la campagne, les récoltes, et la musique traditionnelle.
Au programme :
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Quadrilha : une danse folklorique en couple, inspirée des bals européens, où petits et grands défilent en suivant une chorégraphie amusante.
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Jeux de kermesse : pêche à la ligne, lancer d’anneaux, chamboule-tout… les enfants adorent !
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Délicieux plats typiques : on déguste du maïs sous toutes ses formes (grillé, bouilli, en gâteau), du riz au lait, des bonbons au caramel (pé-de-moleque), et bien sûr, du quentão (boisson chaude épicée à base de gingembre).
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Costumes traditionnels : tout le monde se déguise en “caipira”, le paysan brésilien, avec des vêtements colorés, des tresses et de fausses dents – le tout dans une ambiance bon enfant !
C’est une fête très populaire dans les écoles et les quartiers, et elle permet de rassembler les familles autour d’un moment joyeux, ancré dans l'identité brésilienne. 🎶💃🌽
L'avortement au Brésil : interdiction et sanctions pénales
L'avortement au Brésil est un sujet de débat intense, reflétant les tensions entre les valeurs conservatrices prédominantes et les mouvements en faveur des droits des femmes. Actuellement, la législation brésilienne n'autorise l'avortement que dans trois situations spécifiques : en cas de viol, lorsque la vie de la mère est en danger, ou en présence de graves anomalies fœtales. En dehors de ces exceptions, l'avortement est illégal et passible de sanctions pénales.
Cadre légal actuel
Les femmes qui pratiquent un avortement en dehors des cas prévus par la loi encourent une peine d'emprisonnement d'un à trois ans. Les professionnels de santé ou toute autre personne impliquée dans la réalisation de l'avortement risquent, quant à eux, une peine de un à quatre ans de prison. Cette législation restrictive pousse de nombreuses femmes à recourir à des avortements clandestins, mettant leur santé et leur vie en danger.
Propositions législatives controversées
En juin 2024, un projet de loi présenté au Congrès brésilien a suscité une vive opposition. Défendu par des députés évangéliques, ce texte propose de requalifier tout avortement pratiqué après 22 semaines de grossesse en "homicide simple", y compris lorsque la grossesse résulte d'un viol. Les peines envisagées pourraient aller de six à vingt ans de prison, soit le double de la peine encourue par un violeur au Brésil. Cette proposition a été envoyée directement à la Chambre des députés sans débat en commission, alimentant les inquiétudes des défenseurs des droits des femmes.
Mobilisation sociale
Face à cette tentative de durcissement de la législation, des milliers de personnes ont manifesté dans plusieurs villes du pays, notamment à Rio de Janeiro, São Paulo, Brasilia et Florianopolis. Les slogans tels que "Être une fille, ce n'est pas être une mère" ont résonné dans les rues, exprimant le refus de voir les victimes de viol contraintes à poursuivre une grossesse non désirée.
Conséquences pour les jeunes filles
Les statistiques sont alarmantes : en 2022, sur les 74 930 personnes victimes de viol au Brésil, 61,4 % avaient moins de 14 ans. Chaque année, environ 20 000 filles de moins de 14 ans deviennent mères dans le pays. Ces chiffres soulignent la vulnérabilité des jeunes filles face aux violences sexuelles et les défis qu'elles rencontrent pour accéder à des services d'avortement légaux et sûrs.
Témoignage et initiatives
Le parcours de Rebeca Mendes illustre les obstacles auxquels sont confrontées les femmes brésiliennes. En 2017, après s'être vu refuser l'autorisation d'avorter par la Cour suprême, elle a dû se rendre en Colombie pour interrompre sa grossesse. Depuis, elle milite pour le droit à l'avortement sûr et légal, et a fondé le Projet Vivas, une ONG qui a déjà aidé plus de 400 femmes à accéder à des avortements sécurisés, que ce soit au Brésil ou à l'étranger.
Conclusion
La question de l'avortement au Brésil demeure un sujet sensible et polarisant. Les tentatives de durcissement de la législation rencontrent une résistance significative de la société civile, qui plaide pour la protection des droits des femmes et des jeunes filles. L'avenir de la législation sur l'avortement au Brésil dépendra des débats en cours au sein du Congrès et de la mobilisation continue des citoyens.
Le Brésil, le royaume de la chirurgie esthétique : une immersion dans une culture fascinante
Le Brésil, royaume de la chirurgie esthétique : une culture décomplexée qui fait réfléchir
Le Brésil occupe une place unique dans le monde de la chirurgie esthétique. En 2019, il a été le pays ayant réalisé le plus grand nombre d’interventions chirurgicales esthétiques, représentant 13,1 % des opérations mondiales. Parmi les interventions les plus courantes, on trouve l’augmentation mammaire, la liposuccion et la chirurgie des paupières.
Ce succès repose sur plusieurs facteurs : un accès facilité aux soins, des chirurgiens mondialement reconnus et un climat qui met naturellement en valeur le corps. Dans ce contexte, les Brésiliens perçoivent la chirurgie esthétique comme une extension naturelle du soin de soi, sans les tabous qui subsistent dans d'autres parties du monde.
Une réflexion personnelle face à cette culture
En vivant ici - au Brésil, je découvre cette approche décomplexée de l'esthétique, et je dois avouer qu’elle m’interpelle.
À 41 ans, bien que je n’aie jamais envisagé de chirurgie esthétique, cette immersion m’invite à la reflexion.
Ici, il est tout à fait courant de parler ouvertement d’interventions, d’organiser des événements comme des "Botox Days", et d’aborder ces pratiques comme un simple moyen de prendre soin de soi. Cette perspective m'a poussée à m'interroger : si ces solutions sont à portée de main et socialement valorisées, qu'est-ce qui m’empêche d’y penser moi aussi ?
Sans être la dernière au fait des tendances, j'ai toujours essayé d'explorer la féminité et la confiance en moi, mais sans envisager de modifier mon corps.
Cependant, être entourée d’exemples de transformations réussies et d’un discours bienveillant sur le sujet ébranle certaines certitudes.
En observant cette culture, je réalise que l'important n'est peut-être pas tant de savoir si l'on choisit ou non ces options, mais plutôt de se sentir alignée avec soi-même.
Une culture qui inspire
Cette immersion dans la culture brésilienne est enrichissante. Elle me pousse à voir la chirurgie esthétique sous un jour différent, non pas comme un luxe ou une superficialité, mais comme une pratique normale et accessible pour celles (et ceux) qui le souhaitent. Cela ne veut pas dire qu'il faille y succomber, mais cela ouvre la porte à une réflexion sur la manière dont chacun peut chercher à se sentir bien dans son corps, sans jugement.
Au final, être ici me rappelle que la féminité est une quête personnelle, et que les outils modernes sont là pour nous offrir des choix.
Le plus important reste d’embrasser ces choix en restant fidèle à soi-même.
Les Brésiliens ont été élire leurs maires et les membres du Conseil municipal
Les Brésilien(ne)s avaient rendez-vous aux urnes dimanche 6 octobre pour élire les maires et les conseillers.
L'occasion pour moi de comprendre un peu mieux le système de vote ici au Brésil avec Darcilla. Merci à elle pour son aide !
Aline, la compagne Brésilienne de Christian qui vit à Sao Paulo nous précise : "J’ai travaillé ce dimanche en tant que président d’un bureau de vote et c’est pour cela que j’ai eu au total quatre jours de congé pour me rendre en France ! 😎 Il est intéressant de mentionner que grâce à notre système de vote électronique, nous avons eu tous les résultats le même jour "
Pour ceux qui veulent en savoir un peu plus, voici un complément d'information :
Les élections municipales brésiliennes de 2024 ont lieu le 6 octobre 2024, avec un second tour fixé le 27 octobre 2024, si nécessaire.
Ces élections désigneront le maire et les membres du Conseil municipal.
Ces élections sont analysées comme une victoire pour les partis du Centrão, qui regroupe les partis centristes. Le Mouvement démocratique brésilien (MDB) se maintint comme le plus grand parti du Brésil en remportant le plus grand nombre de conseillers, et le parti Progressistes (PP), le Parti social démocratique (PSD), le Parti libéral (PL) et l’Union Brésil complètent la liste des cinq partis ayant obtenu le plus de conseillers élus au premier tour.
À gauche, le Parti des travailleurs (PT) échoue à capitaliser sur le bilan de Lula da Silva à la tête du gouvernement, marqué par le recul de la pauvreté et du chômage et la stabilité économique. Le parti remporte une cinquantaine de municipalités de plus que les 180 obtenues en 2020 mais ne gagne aucune des 26 capitales au premier tour et perd notamment la ville d’Araraquara (230 000 habitants, État de São Paulo). Mis en difficulté suite à sa contre-performance lors des élections municipales de 2020 , le parti de Lula avait dû renoncer à présenter ses propres candidats dans la plupart des capitales régionales, préférant soutenir des candidats d’autres partis, comme le maire sortant centriste Eduardo Paes à Rio de Janeiro et Guilherme Boulos, du Parti socialisme et liberté, à São Paulo.